Marhaba !
Nous sommes Farideh et Tamara, les filles de Rania, la fondatrice d'Ardi Concept Store qui va tristement devoir fermer très prochainement.
Notre mère a tellement donné pour qu'Ardi voit le jour et elle a tellement donné après...
Nous savons le soutien que vous lui portez depuis toujours 🙏🏼✨❤️
Rania a donné 8 années de sa vie pour faire vivre Ardi et sur ces 8 années, elle ne s'est payé qu'en 2024... et en tant que cheffe d'entreprise, elle n'aura droit à rien.
Merci par avance à toutes les personnes qui la soutiendront financièrement afin qu'elle puisse rebondir après qu'elle se soit refait une santé!
On vous partage ici la publication de l'annonce de la fermeture d'Ardi, écrite par Rania.
Merci pour notre mère 🇵🇸🙏🏼❤️
On a adoré vous recevoir dans notre petite maison palestinienne !
Farideh et Tamara.
"C’est tombé hier tel un couperet, avec un jour de retard : Ardi est expulsé de ses murs et a un mois pour rendre les clés.
J’ai accusé le coup, et, bien que préparée à cette triste éventualité, je suis restée sonnée. On a toujours du mal à croire en une fin quand cette fin n’a pas été une décision prise par soi-même.
Dans 1 mois, c’est fini. Dans un mois, c’est fini. Dans 1 mois, c’est fini.
Une phrase que je répétais en boucle comme pour me forcer à comprendre ma réalité.
L’expulsion, en tant que palestinienne, je la ressens d’une autre manière. C’est violent, certes. C’est toujours violent une expulsion. J’ai l’impression de vivre une histoire parallèle à celles de mes sœurs et de mes frères, là-bas.
Quelle violence dans mon inconscient de palestinienne de la diaspora…
Dans un mois, ma petite maison palestinienne ne sera plus. Ce ne sont que quatre murs mais… waouw.
Les images dans ma tête.
Aussi, historiquement, le mois de Ramadan a toujours été le mois le plus violent, d’Al Aqsa à Gaza.
Se faire expulser de chez moi, Ardi (ma Terre) maintenant.
Quelle ironie.
Et pourtant, j’ai voulu des dizaines de fois arrêter Ardi au cours de ces cinq années. Le poids de la période Covid et sa crise économique, d’avoir signé le bail juste avant le premier confinement, les lettres et les appels téléphoniques de recouvrement du bailleur, ce quartier dans lequel je m’étais installée qui ne se remplissait pas malgré les promesses du promoteur, des clients que je suis allée chercher à la force de mon histoire sur les réseaux sociaux, les crises d’angoisses, les lettres d’huissier, les nuits blanches à ruminer, à faire des plans A B C D E F G H…, l’épuisement de ce corps qui lâche d’avoir trop et trop longtemps travaillé seul, des courses, à la plonge, à la cuisine, à l’administratif, la comptabilité, la création d’évènements … et sans me payer pendant 4 ans car la priorité c’était ARDI.
Qu’est ce qui m’a fait tenir ?
Mon besoin viscéral d’avoir ce lieu pour promouvoir la cuisine palestinienne qui m’a été hérité des femmes de ma vie, de génération en génération. Mon besoin viscéral de donner de la lumière à nos recettes et que le nom de chacun de ces plats vous soit familier.
Mon besoin viscéral d’avoir un lieu, pour nous, pour promouvoir nos talentueux artistes palestinien, histoire d’humaniser notre humanité palestinienne et de sortir de cette masse compact d’objet colonisé qu’on aime nous attribuer quand il est question de nous qualifier quand il n’est pas possible de nous invisibiliser. Parce que le dessein, c’est ça. Nous effacer.
Ce qui m’a fait tenir c’est mon besoin viscéral de dire : ON EXISTE !
Je me suis mise en mode pilote automatique. J’ai fait des concessions sur ma prise de parole, mes envies, ma créativité, ma santé.
Et ces cinq années ont été parsemées de personnes qui m’ont redonné la flamme lorsque je n’avais plus d’espoir.
Elles m’ont dit à quel point Ardi est grand et important projet, qu’Ardi est essentiel pour la cause, qu’Ardi rassemble et que c’est un refuge pour les amoureux de la Palestine.
C’est notre maison Palestinienne.
Ces personnes aussi m’ont fait tenir. Merci à toi et toi, et toi, qui doit te reconnaitre. Merci de m’avoir aidé à pousser jusqu’à la cinquième année.
Je ne regrette rien, aucune de mes souffrances, qu’elle soit physique ou mentale.
Elle est belle mon histoire avec ce lieu. Dure mais belle.
J’y ai des souvenirs par milliers.
Ardi va fermer ici… mais je donnerai mon maximum pour rouvrir ailleurs.
A dire vrai, j’étais sur le point de signer pour un local 7 fois plus grand que le local que vous connaissez aujourd’hui. J’y ai travaillé pendant 6 mois avec ma formidable architecte Farah (palestinienne aussi). J’y imaginais une vraie boutique, avec un plus grand espace restauration et surtout, un espace incroyable pour l’évènementiel ! C’était le lieu de mes rêves… J’ai malheureusement dû me désister, mon bailleur actuel avait saisi toute la trésorerie de la société. Il ne me restait plus rien…
Aussi, ce lieu nécessitait près de 400 000 euros de travaux et ma banque suite à la saisie, ne me suivait plus.
Derrière chaque porte qui se ferme, une autre s’ouvre.
Ardi continuera de vivre. Sous quelle forme ? Je ne sais pas encore clairement, mais en ligne, c’est sûr.
Je rêve de me reposer, enfin, un peu… Juste reprendre un peu de force avant de créer de beaux projetsz et peut être un Ardi ailleurs.
Vous m’avez demandé de monter une cagnotte pour tenter de sauver Ardi.
Je ne l’ai pas fait car j’attendais le verdict. Je ne voulais pas prendre le risque de le faire « pour rien » et je ne vais pas lancer une cagnotte en vous faisant miroiter l’ouverture prochaine d’un nouveau lieu. Le process est long et laborieux et je ne suis pas en état dans l’immédiat de me relancer dedans.
En revanche, j’ai besoin de me reconstruire physiquement et moralement, et, vous ne le savez peut-être pas, mais en tant que cheffe d’entreprise, je n’ai pas le droit au chômage même en ayant cotisé des sommes folles.
Alors j’accepte votre offre de m’aider dans cette période compliquée.
Je mettrai le lien en bio.
Merci pour tout et à très vite inchallah.
Pali-hob
Rania.